Les « autres » dépendances comportementales

Plusieurs dépendances n’impliquent pas l’ingestion de substances psychoactives. Nous savons aujourd’hui que certains comportements ont la capacité d’augmenter la quantité de dopamine disponible dans une zone du cerveau appelé circuit de récompense. Cette augmentation de la dopamine procure une sensation agréable ou de plaisir qui amène la personne à répéter ce comportement pour ressentir à nouveau les sensations qu’ils procurent. Elles sont regroupées sous le nom de Dépendances comportementales. Les principales sont :

  • Les troubles alimentaires : anorexie et boulimie ;
  • La dépendance affective et sexuelle ;
  • La dépendance au travail.

Pour ces personnes vulnérables, cette recherche du plaisir ressenti conduira à répéter de plus en plus souvent le comportement, jusqu’à ce qu’il devienne abusif et parfois incontrôlable. Il pourra aussi causer de la détresse psychologique et des maux physiques. Lorsque la vie quotidienne d’un individu tourne largement ou exclusivement autour d’une seule activité ou d’un seul comportement, il est alors dépendant.

Les caractéristiques de la dépendance comportementale se traduisent par :

  • Des pertes de contrôle répétées malgré l’accumulation des conséquences négatives et de la souffrance causées par le comportement ;
  • Une tolérance qui se caractérise par un besoin de consacrer plus de temps, plus souvent, pour obtenir le même soulagement que ce comportement procurait au départ;
  • Un sevrage (sensation de malaise) qui se traduit par de l’irritabilité, de l’anxiété ou de la tristesse lorsque la personne ne peut pas s’adonner au comportement problématique ;
  • Une modification de l’humeur causée par le comportement abusif ;
  • Des épisodes de rechute qui se traduisent par une incapacité de résister à l’impulsion de s’adonner au comportement problématique.

Dans cette section, les dépendances à l’activité physique, à l’alimentation, aux achats, aux relations affectives et sexuelles et au travail seront brièvement explorées. Pour plus d’information, vous pourrez consulter les ressources que vous trouverez à la fin de chaque section.

Les troubles alimentaires : anorexie et boulimie

Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), on rapporte que certaines personnes aux prises avec un trouble des conduites alimentaires présentent des symptômes semblables à ceux associés au Trouble de l’usage d’une substance. Face à la nourriture, elles éprouvent des envies irrépressibles et s’adonnent des rituels compulsifs de consommation. La dépendance est aussi physique que psychologique. Les troubles alimentaires peuvent avoir des conséquences négatives très graves allant jusqu’à causer la maladie et la mort. Ces troubles se divisent en deux catégories :

L’anorexie mentale, caractérisée par :

  • Par une restriction de la nourriture par rapport aux besoins conduisant à réduction significative du poids corporel par rapport à la normale ;
  • Par une peur intense de prendre du poids ou de devenir gros alors que le poids est déjà plus bas que la normale ;
  • Par des perceptions erronées de l’image de son corps.

Selon le DSM-5, la perte de poids est considérée comme une réussite extraordinaire et comme un signe d’autodiscipline remarquable, tandis que la prise de poids est perçue comme un échec inacceptable. Devant l’échec à contrôler une prise de poids et une peur intense de prendre du poids, la personne anorexique peut développer des comportements compensatoires comme se faire vomir ou pratiquer un sport à l’excès.

La boulimie, caractérisée par :

  • Par des pertes de contrôle récurrentes au cours desquelles des quantités excessives d’aliments sont ingérées ;
  • Par l’utilisation de comportements compensatoires inappropriés et répétitifs (ex. : laxatifs, vomissements, diurétiques, jeûne, exercice physique excessif) visant à prévenir la prise de poids;
  • Une estime de soi influencée de manière excessive par le poids et la forme corporelle.

Selon le DSM-5, le comportement alimentaire abusif vise à apaiser la personne boulimique. La crise n’apaise pourtant que brièvement avant le retour de l’autodépréciation et d’une humeur dépressive. Dans certains cas et même suivant l’ingestion d’une petite quantité de nourriture, le vomissement devient l’objectif en lui-même. La boulimie est peu fréquente chez les personnes obèses.

Pour plus d’information :

Troubles de l’alimentation (Montréal) :
Douglas – Institut Universitaire en santé mentale

Institut fédératif des addictions comportementales :
http://www.ifac-addictions.fr/

La dépendance affective et sexuelle

Il est fréquent d’associer la dépendance affective à la dépendance sexuelle.

La dépendance sexuelle

Elle est caractérisée par une obsession, une perte de contrôle répétée et une impossibilité de cesser ou de diminuer la fréquence d’un comportement sexuel perçu comme étant non conventionnel (ex. : rencontres à caractère sexuel sur Internet, cybersexe, pornographie, recours aux travailleurs et travailleuses du sexe, etc.). Cette dépendance nuit à la réciprocité de la relation affective dans un couple et va à l’encontre du développement ou du maintien d’une saine intimité sexuelle.

Il ne faut cependant pas confondre le besoin ressenti de s’adonner avec excès à des activités de nature sexuelle avec la perversion, les délits ou les crimes de nature sexuelle.

La personne dépendante du sexe ne vit que pour le sexe, toute sa vie se structure en fonction des activités sexuelles, entraînant ainsi une multitude de conséquences négatives sur les plans personnel, familial, social et financier. Cette dépendance est généralement plus fréquente chez les hommes.

La dépendance affective

La dépendance affective fait également partie des dépendances comportementales. Ici, c’est la nature de la relation amoureuse entre deux individus qui est en cause. Cette relation devient rapidement malsaine puisque le conjoint s’avère « nécessaire » afin de combler un profond sentiment de vide ou d’insécurité.

La nature malsaine de la relation empêche cependant la personne dépendante de contempler l’idée d’y mettre fin. À la seule pensée d’une rupture possible se greffe alors une peur insupportable. Il arrive parfois que la personne dépendante, devant la menace de la rupture, devienne violente et que s’installe un climat de violence conjugale réciproque à plus long terme. La rupture provoquera inévitablement un sentiment de désespoir et des réactions émotives intenses (dépression, anxiété, insomnie, accès de colère, panique, etc.).

Pour plus d’information :

Institut fédératif des addictions comportementales :
http://www.ifac-addictions.fr/

Une pilule, une petite granule :
http://pilule.telequebec.tv/occurrence.aspx?id=812

Psychologie Québec : Dossier sur la cyberdépendance sexuelle :
http://opq.sednove.ca/pdf/Psy_Qc_Mars2014_Dossier02_Goyette_Nadeau.pdf

Document sur la dépendance affective et sexuelle :
http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2004/04-314-01.pdf

La dépendance au travail

La dépendance au travail se reconnait par un investissement excessif dans les activités professionnelles au détriment de la vie personnelle, familiale et sociale. La personne dépendante au travail se compare au joueur pathologique ou à l’alcoolique sur plusieurs points. Elle est en perte de contrôle en ce sens qu’elle n’est plus en mesure de diminuer le temps et les efforts qu’elle met dans son travail. Elle restreint ses périodes de vacances, les interrompt parfois, les utilise pour travailler ou les évite simplement. Bref, elle ne vit plus que pour le travail et plusieurs conséquences négatives surviennent en raison de ce déséquilibre. Par exemple, elle peut développer des problèmes de santé liés au stress ou perdre le sommeil et, lorsqu’elle ne peut pas accomplir son travail, elle éprouve de l’anxiété et la culpabilité.

Il semble que le « bourreau de travail » ait besoin de la reconnaissance rattachée à ses activités professionnelles pour maintenir son estime d’elle-même. Sa quête de reconnaissance est aussi grande que son ambition sociale. Incapable de se détendre vraiment ou de profiter de ses loisirs, le travail lui sert de stratégie d’évitement du stress tout en la stressant davantage. Même en période faste financièrement, plusieurs personnes dépendantes du travail peinent à se libérer d’une insécurité financière qui les poussent à travailler sans relâche, et ce malgré l’accumulation des conséquences négatives.

Pour plus d’information :

Institut fédératif des addictions comportementales :