La caféine et les boissons «énergisantes», qu'est-ce que c'est ?

La caféine est un stimulant mineur du système nerveux central faisant partie de la famille chimique des méthylxanthines, qui comprend aussi la théophylline et la théobromine, deux autres stimulants mineurs moins puissants que la caféine. C’est le psychotrope le plus consommé au monde. Elle est présente en concentrations variables dans le café, le thé, le maté, le cacao, le chocolat, les colas (Coca Cola, Pepsi, Dr Pepper, Mountain Dew, etc.) le guarana, les boissons « énergisantes » (Red Bull, Guru, Hype, Monster, Nos, Rockstar, etc.) et dans plusieurs médicaments (Anacin®, Cafergot®, Fiorinal®, Midol®, Wake-Up®, etc.).

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Effets et dangers de la caféine

Les principaux effets de la caféine sont les suivants :

  • système nerveux central : augmentation de la vigilance, pensées plus claires, augmentation des capacités physiques et intellectuelles, diminution de la sensation de fatigue, élévation de l’humeur, troubles du sommeil;
  • système cardiovasculaire : augmentation de l’activité du cœur pouvant entraîner une accélération ou des arythmies cardiaques, diminution du débit sanguin au cerveau pouvant soulager les maux de tête ou la migraine, augmentation de la pression artérielle;
  • système respiratoire : effet bronchodilatateur (dilatation des bronches);
  • système gastro-intestinal : augmentation de l’acidité gastrique, nausées et vomissements à fortes doses;
  • système rénal : effet diurétique (augmentation de la production et de l’élimination d’urine).

L’abus prolongé de caféine peut se traduire, entre autres, par l’anxiété, la nervosité, l’agitation, l’irritabilité, les sautes d’humeur et l’insomnie.

Le caféisme est le terme utilisé pour caractériser les symptômes cliniques produits, soit par la consommation occasionnelle, soit par la consommation prolongée (chronique) de caféine. Il affecte environ 20 % de la population nord-américaine. Le caféisme peut s’observer à partir de doses de 250 mg de caféine (2,5 tasses de café régulier ou 3 Red Bull de 250 ml chacun) et il est proportionnel aux quantités de caféine consommées. Les effets sont marqués à des doses de caféine qui dépassent généralement 600 mg/jour (6 tasses de café régulier ou 7,5 Red Bull de 250 ml chacun). À partir de cette dose journalière, on considère qu’une personne est dépendante de la caféine.

Effets chroniques

Le terme caféisme est également employé pour désigner la consommation abusive chronique de caféine. Il tend à s’installer de façon insidieuse, après des mois ou des années de consommation.

L’usage prolongé de caféine augmente les risques d’ulcères de l’estomac et du duodénum. La consommation de caféine en excès peut aussi entraîner des arythmies cardiaques et de l’hypertension qui peuvent compromettre la santé du consommateur.

Interactions avec d’autres substances

Il existe une relation entre la consommation de tabac et la consommation de café : les fumeurs consomment plus de café. Il a aussi été démontré que les grands buveurs de café consomment plus de tranquillisants et de sédatifs (produits qui calment et qui apaisent) que les faibles consommateurs de café.

La caféine est responsable de plus de 20 interactions pharmacologiques avec d’autres substances. Les interactions majeures de la caféine se produisent avec les amphétamines, la cocaïne et l’éphédrine : l’association peut se traduire par l’augmentation du rythme cardiaque, de la pression sanguine et des risques d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires cérébraux, de convulsions et de mort.

D’autre part, le ginseng présent dans certaines boissons « énergisantes » augmente considérablement l’effet des anticoagulants et des antiplaquettaires. Les risques de saignements sont donc accrus lors de l’association de caféine ou de ginseng avec les anticoagulants et les antiplaquettaires.

Enfin, le ginseng provoque des interactions avec divers médicaments incluant certains barbituriques, antipsychotiques, hypoglycémiants (médicaments antidiabétiques qui réduisent le taux de sucre dans le sang) et antihypertenseurs.

Caféine et grossesse

Chez l’animal, la caféine peut retarder la croissance embryonnaire et néonatale. Les effets de la caféine chez la femme enceinte font l’objet de controverses.

Une étude effectuée sur une cohorte de 431 femmes démontre qu’une consommation de caféine inférieure à 300 mg par jour n’augmente pas les risques de retard de croissance intra-utérine, d’avortement spontané ou de microcéphalie (périmètre crânien réduit).

Par contre, dans une étude cas-témoins, menée auprès de 331 femmes ayant eu un avortement spontané et de 933 femmes témoins, on note une augmentation significative du risque d’avortement spontané lorsque la caféine est prise à des doses variant entre 163 et  321 mg par jour, un mois avant la grossesse.

D’autre part, une méta-analyse (interprétation de l’ensemble des résultats provenant de diverses études) conduite chez les femmes enceintes consommant plus de 150 mg de caféine par jour, suggère une légère hausse du risque d’avortement spontané et de faible poids du bébé à la naissance.

On peut donc conclure de l’ensemble de ces études que la dose maximale de caféine qui ne présente pas de danger pour la femme enceinte n’est pas clairement établie. On recommande donc d’éviter la consommation de caféine au cours de la grossesse, particulièrement durant le premier trimestre de la gestation.

En outre, la caféine se retrouve en faibles quantités, de l’ordre de 1 %, dans le lait maternel. Des doses de 600 à 800 mg par jour prises par la mère peuvent entraîner de l’insomnie et de l’hyperactivité chez le nourrisson. Ainsi, la consommation de caféine doit donc être réduite chez la mère qui allaite.

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Tolérance et dépendance

Il existe une tolérance à la plupart des effets de la caféine. Néanmoins, pour les personnes qui ont de la difficulté à se réveiller le matin, il semble y avoir peu de tolérance à l’effet « réveille-matin » de la première prise de caféine.

La prise de 600 mg de caféine par jour peut entraîner une dépendance physique après seulement 6 à 14 jours de consommation. Une consommation habituelle de plus petites doses, aussi faibles que 100 mg par jour, peut aussi être suffisante pour causer cette dépendance.

La consommation abusive chronique de caféine tend à s’installer de façon insidieuse, après des mois ou des années de consommation.

Le syndrome d’abstinence à la caféine est fréquemment observé chez les personnes souffrant de dépendance à la caféine. Les symptômes de sevrage les plus souvent observés sont les maux de tête, la fatigue, la léthargie, la somnolence, l’anxiété, l’agitation, l’irritabilité, les nausées et les vomissements. Ces symptômes sont parfois incapacitants et leur degré de gravité dépend des doses de caféine consommées. Le syndrome de sevrage débute habituellement dans les 12 à 24 heures qui suivent la dernière prise de caféine, atteint un pic d’intensité au bout de 20 à 48 heures et dure jusqu’à une semaine.

La dépendance psychologique à la caféine peut aussi se développer chez les consommateurs réguliers.

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Quelques statistiques

  • La caféine est le psychotrope le plus consommé dans le monde, loin devant l’alcool et la nicotine qui occupent respectivement la deuxième et la troisième place.
  • Au Canada, le café est la seconde boisson la plus consommée chez les adultes (80,6 %) après l’eau.
  • Plus de 300 variétés de boissons « énergisantes » contenant de la caféine, vendues sous plus de 210 marques, se partagent le marché en Amérique du Nord.
  • Pour l’année 2012 seulement, le fabricant de Red Bull® a vendu plus de cinq milliards de canettes Red Bull Energy Drink® dans le monde.
  • Au Québec, avec des ventes de 154 millions de dollars, le marché des boissons « énergisantes » accaparait en 2010, environ 20 % des parts du marché des boissons.
  •  Une étude réalisée auprès de 10 000 jeunes Québécois de 1re à 3e secondaire entre novembre 2010 et janvier 2011 indique que 7 % d’entre eux consomment régulièrement des boissons « énergisantes ». Trente-cinq pour cent en auraient fait l’essai. La même étude rapporte que 44 % des élèves consomment régulièrement des boissons gazeuses.
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Que prévoit la loi ?

Les boissons « énergisantes » ont été initialement classées comme des produits de santé naturels. Depuis 2011, elles sont considérées comme des aliments. Elles ne doivent pas contenir plus de 180 mg de caféine par emballage non refermable (exemple : une canette). Elles sont soumises aux règles suivantes d’étiquetage :

  • il faut retrouver l’indication de la quantité de caféine en milligrammes provenant de toutes les sources (exemple : guarana) par contenant ou portion;
  • il faut retrouver les mentions :
    • Source élevée de caféine ;
    • N’est pas recommandé pour les enfants, les femmes enceintes ou qui allaitent et les personnes sensibles à la caféine ;
    • Ne pas mélanger avec des boissons alcoolisées.

D’autre part, Santé Canada interdit le mélange des boissons « énergisantes » contenant de la caféine avec de l’alcool.

À cause des dangers potentiels des boissons « énergisantes », des municipalités, des écoles secondaires et des cégeps du Québec ont interdit la vente de ces produits dans leurs établissements.

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