La kétamine, qu'est-ce que c'est ?
La kétamine est un pertubateur du système nerveux central. C’est un hallucinogène de la famille des anesthésiques généraux dissociatifs. Ce dérivé de la phencyclidine (PCP) produit des hallucinations, une analgésie (diminution ou suppression de la douleur) et une amnésie (troubles de la mémoire) semblables à celles observées avec le PCP. Cependant, la kétamine est moins puissante que le PCP et sa durée d’action est plus courte.
La kétamine est utilisée aussi bien en tant que médicament que comme substance illicite. Dans la pharmacopée canadienne, elle est commercialisée sous le nom de Ketalar® pour l’usage médical en tant qu’anesthésique général chez l’humain. Elle est alors administrée par voie intraveineuse ou intramusculaire. La kétamine est aussi un anesthésique général destiné à l’usage vétérinaire.
Pour ce qui est de l’usage illicite, la kétamine est connue sous les noms de Spécial K, Vitamine K, Ket et Ketty. Elle est parfois vendue en comprimés ou en capsules sous le pseudonyme ecstasy. Les formes vendues illégalement comprennent la poudre blanche (soluble dans l’eau et l’alcool), les comprimés, les capsules, les cristaux et la forme liquide (solution en fiole).
Les voies d’administration de la kétamine sont orales, prisées (la plus utilisée pour la consommation illicite), fumées ou injectées. Les doses sont variables et oscillent généralement entre 5 et 500 mg selon la voie employée et les habitudes de consommation.
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Effets et dangers de la kétamine
Selon les doses, la kétamine produit des effets analgésiques (antidouleurs) ou induit une anesthésie générale. Avec de fortes doses, de l’ordre de 500 mg, la kétamine provoque un effet marqué de dissociation entre le corps et l’esprit qui est souvent comparé à celui qui est ressenti dans les expériences proches de la mort (en anglais near-death experiences). Cet effet est caractérisé par la perte de sensations corporelles. L’usager a l’impression d’être à l’extérieur de son corps et de flotter au-dessus. Les comportements agressifs et les troubles paranoïdes peuvent se manifester. L’écart entre cette expérience souvent recherchée et l’intoxication involontaire nécessitant une intervention médicale est mince.
Les effets recherchés sont l’euphorie, la sensation de flottement, la stimulation, les hallucinations et les révélations mystiques. Ces effets durent environ une heure. Les hallucinations provoquées par la kétamine sont moins intenses et plus courtes que le PCP. Les usagers souffrent parfois de troubles de la pensée, de confusion, d’étourdissements, de problèmes de coordination motrice, de troubles d’élocution, d’engourdissement des extrémités, d’augmentation du rythme cardiaque et de pression sanguine, de bronchodilatation, de baisse du rythme respiratoire et de rigidité musculaire. Les « mauvais voyages » peuvent survenir et ressemblent à la psychose toxique induite par le PCP.
D’autre part, la kétamine peut perturber la mémoire dite déclaratoire, c’est-à-dire la mémoire des faits et des connaissances. Cette atteinte est suivie de l’apparition de symptômes ressemblant à la schizophrénie.
Lors d’un surdosage, la principale complication est la sédation prolongée qui peut durer de 3 à 24 heures. Le surdosage à la kétamine peut aussi entraîner la dépression respiratoire, la défaillance cardiaque, l’accident vasculaire cérébral (AVC) provoqué par une augmentation du débit cardiaque et la paralysie.
Une dose d’un gramme ou plus peut causer des convulsions et parfois la mort. La dose létale est généralement de deux à trois grammes.
Effets chroniques
L’usage fréquent et prolongé de la kétamine peut entraîner des perturbations durables de la mémoire et de l’attention ainsi qu’une altération de la vision. Son usage répété peut aussi conduire à la psychose.
Kétamine et grossesse
La kétamine n’a pas d’effet abortif et n’entraîne pas d’effets significatifs sur le fœtus.
Tolérance et dépendance
Consommée régulièrement, la kétamine provoque une tolérance très forte et peut conduire à une dépendance physique et psychologique.
Quelques statistiques
- Au Québec, du 1er avril 2013 au 31 mars 2014*, la ligne Drogue : aide et référence a enregistré 85 appels en lien avec la consommation de kétamine, soit 0,7 % de toutes les substances mentionnées lors de ces appels.
- Au Québec, une étude réalisée auprès d’un échantillon de jeunes des centres jeunesse indique que quinze pour cent d’entre eux mentionnent avoir fait usage de kétamine.
* M. Cantin, directrice des communications du Centre de référence du grand Montréal (communication personnelle, 10 septembre 2014).
Que prévoit la loi ?
- Depuis 2005, la kétamine est une substance contrôlée en vertu de l’annexe I de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Compte tenu de ses propriétés hallucinogènes, une surveillance étroite est exercée sur cette substance.
- La possession, le trafic, la possession en vue d’en faire le trafic, la production, l’importation et l’exportation, sont illégaux.