Les nouvelles drogues de synthèse, qu'est-ce que c'est ?
Apparues au début des années 2000, les nouvelles drogues de synthèse (NDS), désignent un groupe hétérogène de psychotropes qui imitent les effets de diverses substances illicites (amphétamines, cannabis, cocaïne, ecstasy, etc.). Ces substances sont non réglementées, elles présentent une composition souvent incertaine et elles sont fabriquées par des laboratoires clandestins. En anglais, la terminologie employée est celle de designer drugs (drogues qui imitent d’autres produits), research chemicals (produits chimiques de recherche) ou legal highs (euphorisants légaux).
Les nouvelles drogues de synthèse (NDS) ont des structures moléculaires qui se rapprochent de celles des substances qu’elles copient, sans être tout à fait identiques. Cette particularité permet aux laboratoires clandestins qui les fabriquent de contourner temporairement les lois en vigueur sur les drogues illicites, puisque le remplacement d’un atome dans une molécule ne les rend plus susceptibles de poursuite lors de leur apparition sur le marché noir. Cette situation dure tant que la législation du pays hôte n’est pas modifiée.
Les principales classes chimiques des nouvelles drogues de synthèse (NDS) sont les suivantes :
Les cannabinoïdes de synthèse
Ce sont des molécules synthétiques qui miment les effets du cannabis en se fixant sur les mêmes récepteurs que le tétrahydrocannabinol (THC). Une vingtaine de produits de cette classe ont été identifiés à ce jour, le principal étant le Spice (JWH-018).
Les cathinones de synthèse
La cathinone est, à l’origine, une substance naturelle dont la structure chimique s’apparente grandement à celle de l’amphétamine et qui est contenue dans les feuilles du khat. Le khat est un arbuste présent surtout dans la péninsule arabique et dans la Corne de l’Afrique (Éthiopie, Somalie). Les communautés originaires de ces régions mastiquent depuis longtemps les feuilles du khat à la recherche de propriétés stimulantes et euphorisantes. Les cathinones de synthèse, encore appelées « sels de bain », comprennent une quinzaine de substances dont les plus importantes sont la méphédrone et la méthylone. La méphédrone a été impliquée dans de nombreux décès.
Les phénéthylamines
Leur structure chimique dérive de l’amphétamine, de la méthylène-dioxyméthamphétamine (encore appelée MDMA ou ecstasy) ou de la bromodiméthoxyphénéthylamine (encore appelée Nexus ou 2-CB). Elles ont donc des propriétés stimulantes combinées parfois à des effets hallucinogènes.
Les pipérazines
Elles ont pour chefs de file la benzylpipérazine (BZP) et la mCPP. La BZP est un stimulant proche des phénéthylamines, de type amphétaminique.
Les tryptamines
La diméthyltryptamine (DMT), principale substance de cette famille, est un hallucinogène naturel puissant qui a une courte durée d’action. Elle est notamment présente dans l’ayahuasca (Banisteriopsis caapi) et le Yopo (Piptadenia peregrina), des plantes cultivées en Amérique du Sud et utilisées dans la médecine chamanique.
Autres substances dites « orphelines »
Elles comprennent notamment la 4-fluorotropacocaïne ou pFBT (un dérivé de la cocaïne), la méthoxétamine ou MXE (un analogue de la kétamine) et l’O-desméthyltramadol ou ODT (un opiacé proche du tramadol).
Le nombre de nouvelles drogues de synthèse est en pleine expansion et on estime qu’il y en aurait plus de 400 actuellement disponibles sur le marché. Ces nouvelles drogues se présentent généralement sous forme de poudre et plus rarement sous forme de comprimés. Dans le cas des cannabinoïdes de synthèse, la poudre de cannabinoïde est incorporée à de l’herbe sèche, à des débris végétaux ou à de la pâte qui donnent la ressemblance visuelle avec l’herbe ou la résine de cannabis et qui servent de véhicule à la consommation.
Ces nouvelles drogues sont fabriquées par des laboratoires clandestins principalement situés en Amérique du Nord, en Chine et en Inde. Elles sont essentiellement vendues sur Internet, soit par le nom de la molécule, soit sous des noms commerciaux souvent sans mention de la molécule.
Dans la plupart des cas, les nouvelles drogues de synthèse ne sont pas réglementées et les producteurs et vendeurs sur Internet ne sont donc pas contrôlés. Elles se situent ainsi dans une zone grise, ni autorisées ni interdites. Elles présentent un danger certain pour la santé du consommateur qui ne sait jamais ce qu’il reçoit, ni le pourcentage de principe actif qui peut varier de 0 à 100 %, ni les impuretés contenues, ni même si c’est la bonne molécule qui lui a été vendue.
D’autre part, dans la majorité des cas, les effets à moyen et à long terme de ces nouvelles molécules ne sont pas connus du fait de l’absence d’études scientifiques réalisées sur ces substances.
De nombreux décès reliés à la consommation de nouvelles drogues de synthèse ont été rapportés en Amérique du Nord et en Europe. En outre, une multitude de cas d’abus, d’intoxication et de problèmes de pharmacodépendance liés à ces produits ont été rapportés à travers le monde.
Devant le fléau de ces nouvelles drogues, des législations nationales et internationales appropriées devraient être adoptées pour interdire la publicité, la distribution et la vente de ces substances. Une réflexion urgente s’impose sur leur détention et leur usage.
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