Les substances volatiles, qu'est-ce que c'est ?
Les substances volatiles, connues également sous le terme anglais inhalants, représentent un groupe hétérogène de produits dont l’inhalation des vapeurs provoque des effets psychotropes.
Présentes dans des produits domestiques, industriels et médicaux, ces substances sont classées en trois grandes catégories :
- les solvants volatils;
- les nitrites, communément appelés poppers;
- les anesthésiques généraux volatils représentés principalement par le protoxyde d’azote (gaz hilarant).
Solvants volatils
Les solvants volatils sont des psychotropes puissants, facilement disponibles et de très faible coût. On les retrouve dans les colles, la laque, le vernis, le diluant à peinture, la peinture en aérosol, le combustible à briquet, l’essence, le liquide correcteur, les liquides antiadhésifs en vaporisateur, les réfrigérants, certains agents nettoyants et plusieurs autres produits domestiques et industriels.
Les solvants les plus connus sont l’acétone, l’éther, le benzène, le toluène et le trichloréthylène, utilisé principalement pour le nettoyage à sec des vêtements et le dégraissage de pièces métalliques.
Nitrites ou poppers
Ces produits comprennent principalement le nitrite d’amyle et le nitrite de butyle. Ils se présentent sous la forme de liquides volatils dont les vapeurs sont aspirées par le nez. Ce sont des vasodilatateurs utilisés en médecine pour soigner certaines maladies cardiovasculaires.
Une bouteille de 30 ml de nitrite permet des centaines d’inhalations.
Les nitrites sont aussi présents dans certaines préparations homéopathiques et employés comme adjuvants dans certaines préparations pharmaceutiques et comme solvants industriels.
Protoxyde d’azote
Le protoxyde d’azote, encore appelé gaz hilarant ou oxyde nitreux, est un gaz liquéfié sous sa propre pression et conservé dans des bouteilles métalliques. Il peut être utilisé comme gaz de pressurisation, aérosol alimentaire ou comme anesthésique général.
Disponible en épicerie dans les canettes de crème fouettée, certains adolescents aspirent son contenu. On peut également se le procurer sous la forme de petits cylindres destinés aux appareils servant à faire de la crème fouettée. Il fait aussi l’objet d’usages détournés dans les soirées et les festivités. Il est inhalé sous forme de ballons vendus à faible coût : le consommateur peut aspirer une ou plusieurs bouffées.
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Effets et dangers des substances volatiles
Effets et dangers des solvants volatiles
Leurs effets ressemblent à ceux d’une intoxication instantanée à l’alcool. Leur emploi régulier et abusif est particulièrement fréquent chez les adolescents et les individus les plus démunis. Leur abus présente des risques très élevés et peut conduire à des troubles psychologiques, neuromoteurs, respiratoires, cardiovasculaires, hépatiques et sanguins. Quelques décès sont survenus au Québec à la suite de leur inhalation.
Effets chroniques
L’usage chronique peut se manifester lors d’une prise régulière et entraîner des problèmes physiques, psychologiques et sociaux.
Effets et dangers des poppers
Les effets des poppers sont quasiment immédiats : brève bouffée stimulante se manifestant de façon vertigineuse. L’usager ressent l’euphorie, ainsi qu’une sensation de vive chaleur avec une accentuation de la sensualité. Cet effet dure environ deux à trois minutes. En provoquant une dilatation des vaisseaux périphériques, les nitrites réduisent l’apport de sang au cerveau, ce qui entraîne une privation en oxygène. Cet effet semble contribuer à la sensation aphrodisiaque qu’ils produisent. Ils sont utilisés pour augmenter le plaisir et faciliter certaines pratiques sexuelles.
Les effets indésirables immédiats les plus fréquents sont un arrière-goût caractéristique, les maux de tête, les vertiges, le tinnitus (bourdonnement d’oreilles), l’irritation des yeux et la sensibilité à la lumière.
Effets chroniques
Une consommation régulière mène à l’intoxication chronique caractérisée principalement par les éternuements, l’écoulement nasal et l’inflammation des muqueuses nasales. Les distorsions perceptuelles, les illusions, les hallucinations, le délire, la confusion et des problèmes passagers d’érection peuvent aussi se manifester.
L’association des poppers avec d’autres vasodilatateurs peut conduire à un collapsus cardiovasculaire. En outre, la combinaison avec d’autres psychotropes augmente les risques de toxicité.
Effets et dangers du protoxyde d’azote
Le protoxyde d’azote provoque de l’euphorie souvent accompagnée de rires incontrôlables (d’où le nom de gaz hilarant), de la sédation, des maux de tête, une sensation d’ébriété, l’altération du jugement, un comportement irrationnel ou agressif, des nausées, des vomissements, des crampes abdominales et de la diarrhée.
À plus forte dose, la désorientation, la confusion, les problèmes d’élocution, l’incoordination des mouvements et la faiblesse musculaire généralisée sont souvent présents et peuvent même être très marqués. De l’agitation, de l’angoisse, des modifications de la conscience, des distorsions visuelles et auditives et des troubles du rythme cardiaque peuvent également se manifester. Une asphyxie par manque d’oxygène et une aspiration pulmonaire des vomissements peuvent se produire dans certains cas.
Les effets intoxicants immédiats disparaissent généralement moins de 15 minutes après l’arrêt de l’inhalation. Des effets résiduels significatifs peuvent cependant persister pendant une à deux heures.
Effets chroniques
Les effets à long terme peuvent se traduire par les tremblements, l’incoordination des mouvements, les chutes et les traumatismes.
Tolérance et dépendance
La tolérance aux effets psychotropes des solvants volatils se développe graduellement après un usage fréquent. Environ 4 % des consommateurs de solvants volatils développent une dépendance significative. La dépendance physique est généralement faible et les symptômes de sevrage sont habituellement bénins.
La tolérance aux effets des nitrites est généralement admise. L’usage régulier conduit aussi à la dépendance psychologique. Habituellement, il n’y a pas de dépendance physique ni de syndrome de sevrage à l’arrêt de la consommation.
Il n’existe pas de tolérance et de dépendance physique au protoxyde d’azote. Par contre, la dépendance psychologique liée à l’euphorie et aux sensations agréables causées par le produit peut se manifester à la suite d’un usage régulier.
Quelques statistiques
- En 2013, 3,4 % des étudiants ontariens de niveau secondaire ont révélé avoir consommé de la colle ou des solvants au cours de la dernière année.
- Au Québec, du 1er avril 2013 au 31 mars 2014*, la ligne Drogue : aide et référence a enregistré 12 appels en lien avec la consommation de solvants, soit 0,1 % de toutes les substances mentionnées lors de ces appels.
- En 2010-2011, les diverses formes de colle ou de solvant ont été consommées par 1,4 % des élèves québécois de niveau secondaire au cours de l’année précédente.
- Au Québec, une étude réalisée auprès d’un échantillon de jeunes des centres jeunesse indique que cinq pour cent d’entre eux mentionnent avoir fait usage de solvants ou d’essence l’année qui a précédé leur entrée dans l’institution.
Que prévoit la loi ?
- Les solvants volatils sont des substances licites, en vente libre et facilement accessibles. Certaines mesures de contrôle sont encouragées auprès des détaillants dans la vente de colles aux mineurs.
- Les nitrites (poppers) ne font pas partie des annexes de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. Ce sont des médicaments qui nécessitent une ordonnance.
- Le protoxyde d’azote est régi par la Loi sur les aliments et drogues.